Le maintien en emploi: impulsé par la direction, diffusé par le référent handicap, appuyé par l’assistante sociale

A l’occasion de la Semaine Européenne de l’Emploi des Personnes Handicap (SEEPH) Christelle BRUNET, référent handicap nationale pour l’Assurance Retraite, et responsable du service social du personnel de la Caisse Nationale d’Assurance Vieillesse (CNAV) répond à nos questions sur son rôle et l’articulation entre les acteurs.

 

  • Pouvez-vous vous présenter ?

J’ai un Diplôme d’Assistante de Service Social (DEASS) obtenu à presque 40 ans dans le cadre d’une reconversion professionnelle. J’ai rapidement complété cette formation par un Diplôme d’Etat en Ingénierie Sociale (DEIS) et un master de Sciences de l’éducation. Mon champ de recherche étant le vieillissement au travail en fin de carrière.

  • En quoi consiste vos différents rôles sur le champ du handicap ?

Pour la CNAV, établissement situé en Île-de-France et à Tours, je pilote la mission handicap.  Dans ce cadre, j’élabore et je déploie la politique handicap. La CNAV a signé une convention avec le FIHFP (2020 – 2022) qui est un engagement très structurant.

Le sujet du handicap étant totalement transverse je m’appuie sur un comité de pilotage composé des différentes expertises impliquées sur ce champ : département recrutement et accompagnement carrière, médecine du travail, département formation, département communication, direction des infrastructures, département des achats, département du budget, direction informatique. Le référent handicap est un chef de projet.

Par ailleurs, au niveau national, je représente l’Assurance Retraite au sein de la mission handicap de l’UCANSS et  j’assure le déploiement de la politique handicap en animant une communauté de 15 référents handicap  en CARSAT.

  • Selon vous, quels sont les enjeux liés à l’inclusion des travailleurs handicapés ?

L’inclusion est d’abord une exigence éthique qui vise à ce que les personnes en emploi soient le reflet de la société. En tant qu’organisme de Sécurité Sociale, la CNAV doit porter très haut cette exigence. Par ailleurs, les personnes en situation de handicap sont porteuses d’une différence / singularité qui amène une force incroyable d’innovation, d’inventivité car c’est toujours dans la contrainte que nous élaborons de nouvelles manières de faire et de concevoir notre rapport au monde.

  • Comment se coordonne l’activité du service social et de la mission handicap pour le maintien en emploi ?

Le maintien en emploi est au cœur de l’action de l’assistante sociale et de celle du référent handicap quand il est missionné sur la dimension d’accompagnement. Les limites des interventions peuvent être très poreuses. Je pense qu’elles dépendent de chaque lieu d’exercice, de la formation du référent qui peut être assistant de service social, ergonome, psychologue du travail ou avoir une coloration RH…. Le niveau d’expertise de l’assistante sociale sur le champ de la santé au travail impactera aussi son périmètre.

A la CNAV, cela est lié à notre contexte, histoire,  l’assistante sociale intervient sur des situations de maintien en emploi dont les causes se situent dans la sphère privée et / ou lorsqu’il y a une situation de santé qui risque de provoquer ce décrochage. La référente handicap intervient sur des situations de santé plus dégradée / complexe qui demandent une bonne connaissance des acteurs de l’entreprise : RH et métier ainsi que des acteurs spécifiques du handicap.

  • Selon, quelle plus-value apporte le service social ?

Les assistantes sociales sont des professionnelles de l’accompagnement. Sur le champ du handicap, elles ont les compétences professionnelles pour appréhender de nombreux dispositifs et elles connaissent les acteurs qui sont extérieurs à l’entreprise. Elles ont une place très particulière à l’articulation de la sphère privée et professionnelle qu’elles sont en capacités de faire dialoguer. Elles ont un rôle pédagogique qui, pour moi, est essentiel car il donne du sens et permet souvent d’aplanir des tensions. Ces connaissances doivent leur permettre d’être force de propositions en prévention primaire et secondaire.

  • Si vous deviez donner trois conseils / bonnes pratiques sur l’inclusion, quels seraient-ils ?
  1. Le sujet doit être porté par la direction et se diffuser grâce au référent handicap dans toute l’entreprise. Il ne doit surtout pas s’agir du sujet d’un acteur unique.
  2. Sur la dimension du handicap : le référent handicap doit avoir un véritable rôle de chef de projet.
  3. Il faut donner la parole aux collaborateurs en situation de handicap et favoriser les actions qui permettent la rencontre car la peur des personnes handicapées est le premier frein à l’emploi.

 

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